Les sciences dans l’Antiquité

L’Antiquité représente une période clé dans l’histoire de la connaissance humaine.
De l’observation intuitive de la nature à l’élaboration de théories complexes, les civilisations antiques ont jeté les bases de nombreuses disciplines scientifiques modernes.
Même si leurs démarches restaient souvent liées à la religion, à la mythologie ou à la philosophie, elles ont permis l’émergence progressive d’une pensée rationnelle et d’une méthode d’observation structurée.

Les premiers savoirs : observation et techniques

Bien avant l’apparition de la science théorique, les hommes de l’Antiquité développèrent des savoir-faire pratiques essentiels à leur survie :
  • Agriculture et irrigation : les civilisations mésopotamiennes et égyptiennes, grâce à l’observation des crues du Nil ou du Tigre et de l’Euphrate, mirent en place des calendriers agricoles et des systèmes d’irrigation complexes.
  • Architecture et ingénierie : la construction des pyramides, des ziggourats ou des aqueducs romains nécessitait des connaissances empiriques en géométrie, en mécanique et en organisation du travail.
  • Médecine primitive : des remèdes à base de plantes et des techniques chirurgicales rudimentaires apparaissent très tôt, souvent associées à des croyances religieuses.
Ces connaissances étaient pragmatiques, transmises oralement ou par des textes techniques, mais sans réelle tentative d’explication rationnelle des phénomènes.

Les sciences en Égypte et en Mésopotamie

Les premières grandes civilisations ont développé des savoirs remarquables, principalement à des fins pratiques et religieuses :
  • En Égypte, l’astronomie servait à prévoir la crue du Nil et à organiser les activités agricoles.
    Les Égyptiens excellaient en géométrie pour la construction des pyramides et en médecine, comme en témoignent les papyrus médicaux (Papyrus Ebers, Papyrus Edwin Smith).
    La médecine y était déjà relativement avancée, avec la pratique de sutures, de prothèses dentaires et de diagnostics.
  • En Mésopotamie, les prêtres-astronomes babyloniens observaient les astres et ont élaboré les premiers systèmes de calcul pour prédire les éclipses et les positions des planètes.
    Leur numération sexagésimale (base 60) est encore présente aujourd’hui dans notre manière de mesurer le temps (60 minutes, 60 secondes) et les angles (360°).
Ces cultures restaient cependant dominées par la religion : les phénomènes naturels étaient interprétés comme des volontés divines, et non comme des processus obéissant à des lois naturelles.

La Grèce antique : naissance de la science rationnelle

C’est en Grèce antique que naît véritablement la science théorique, séparée de la religion./br> Les penseurs grecs, appelés philosophes naturels, cherchent à expliquer l’univers par la raison et l’observation, plutôt que par les mythes.
Ils posent les premières questions fondamentales : Qu’est-ce que la matière ? Quelles sont les causes des phénomènes ?

Thalès de Milet (VIᵉ s. av. J.-C.), considéré comme l’un des tout premiers savants, explique les tremblements de terre et l’origine de l’univers sans référence au divin. Pythagore développe la vision d’un univers gouverné par les nombres et les proportions, ouvrant la voie aux mathématiques pures. Hippocrate, père de la médecine rationnelle, fonde l’idée que les maladies ont des causes naturelles et non surnaturelles. Aristote, philosophe majeur, propose une classification des êtres vivants et une vision globale du cosmos. Même si ses théories seront partiellement erronées, elles domineront la pensée scientifique pendant plus d’un millénaire.
Archimède invente des machines et découvre les principes de la poussée dans les fluides.

L’apport grec :

La Grèce antique introduit la démonstration logique, l’expérimentation rudimentaire et le raisonnement abstrait, créant un langage scientifique universel qui influencera profondément les mondes romain et arabe et, plus tard, la science moderne.

L’héritage romain : sciences appliquées

Les Romains, plus pragmatiques, reprennent les savoirs grecs et les appliquent à des réalisations concrètes : routes, aqueducs, thermes, systèmes militaires, organisation urbaine…
Ils excellent dans l’ingénierie, mais apportent peu de nouvelles théories scientifiques.

Grâce à la puissance politique et militaire de Rome, ces savoirs se diffusent dans tout l’empire, préparant le terrain pour leur transmission à l’Europe médiévale.

La fin de l’Antiquité et la transmission des savoirs

Avec la chute de l’Empire romain d’Occident (476), l’Europe occidentale entre dans une période de déclin intellectuel: le Haut Moyen Âge.
Cependant, les savoirs grecs et romains ne disparaissent pas totalement :

  • Ils sont préservés dans l’Empire byzantin (Constantinople).
  • Ils sont traduits et enrichis par les savants arabo-musulmans, notamment à Bagdad et Cordoue, pendant l’âge d’or islamique. (cf les sciences au Moyen Age)
  • Plus tard, au XIIᵉ siècle, ces textes seront retransmis à l’Europe par le biais des traductions latines, déclenchant la Renaissance intellectuelle.

Bilan

L’Antiquité est une période de fondation :

  • Les premières techniques et observations structurées apparaissent.
  • La pensée grecque introduit la logique et la théorie.
  • L’empire romain assure la diffusion des savoirs à grande échelle.

Mais un élément crucial se produit après la chute de Rome :
pendant que l’Europe occidentale traverse plusieurs siècles de déclin intellectuel, les savants du monde arabo-musulman jouent un rôle indispensable dans la préservation et l’enrichissement des savoirs antiques. Dans les grandes villes comme Bagdad, Damas, Cordoue ou Le Caire, ils traduisent en arabe les textes grecs, persans et indiens, tout en les commentant et en les améliorant.
Des figures comme Al-Khwarizmi, Avicenne, Averroès ou Ibn al-Haytham posent les bases de l’algèbre, de la médecine moderne, de l’optique et de la méthode expérimentale.

Ces connaissances, transmises ensuite à l’Europe via l’Espagne et la Sicile au XIIᵉ siècle, sont le point de départ de la Renaissance scientifique.
Sans cet héritage, la révolution scientifique européenne menée par Copernic, Galilée, Kepler et Newton n’aurait jamais été possible.

Ainsi, l’histoire des sciences est celle d’un long dialogue entre les civilisations, où chaque culture a joué un rôle dans la quête universelle de la vérité.
De la Mésopotamie à la Grèce, du monde arabo-musulman à l’Europe moderne, l’humanité a progressivement bâti les fondations de la science contemporaine.